Interview Valériane Vukosavljevic – Partie 1 : Une carrière d’ores et déjà gravée sur le Mont Rushmore du basket féminin français

Née à Bordeaux en 1994, Valériane Vukosavljevic est aujourd’hui une joueuse incontournable dans le paysage du basket féminin français. De la France au Etats-Unis, en passant par Prague, l’internationale française revient, pour Basket’Her, sur sa jeune carrière.

Pourquoi avoir choisi le basket ? Comment tout à commencé ?

Le basket a simplement commencé avec mon papa, qui évoluait en Équipe Nationale du Bénin mais aussi en Nationale 2. Il m’emmenait partout avec lui. Naturellement, je me suis tourné vers le basket.

J’ai débuté le basket au Grand Parc à Bordeaux à l’âge de 4 ans. Je suis ensuite partie à Brassens, qui était le club où mon père jouait et coachait, avant d’intégrer en benjamine l’équipe de Saint Bruno / Le Bouscat. Puis, j’ai intégrée le pôle espoir durant deux années : la première en minime région, et la seconde en cadette France avec le club de Basket Landes.

Cela fait seulement 8 ans que vous évoluez à un niveau professionnel et vous faites déjà partie des joueuses majeures en France : Quelle est cette force qui vous a permis d’impacter le jeu dès vos débuts, et rapidement devenir une joueuse iconique dans le paysage du basket féminin français moderne ?

Sûrement mon caractère, car je n’aime pas perdre. J’ai l’envie de progresser pour faire parti des meilleures et que mon équipe en fasse elle aussi partie. Je pense que c’est vraiment grâce à ce tempérament de vouloir évoluer, de vouloir gagner quoi qu’il arrive que j’ai, petit à petit, réussi à m’intégrer dans le paysage du basket français.

Selon-vous, d’où provient ce caractère ?

Je pense détenir ce caractère de ma maman, qui n’était pas basketteuse. Elle m’a appris à toujours se battre coûte que coûte pour les choses que l’on voulait. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai cette exigence envers moi même.

En 2012, vous intégrez Basket Landes. Lors de cette même année, vous figurez parmi les joueuses participantes à l’Euro 2013 : Comment avez vous réussi à gérer cette adaptation rapide au monde professionnel et international ?

Concernant le monde professionnel, j’ai eu la chance de revenir dans un club que je connaissais avec comme coach, Olivier (Lafargue). Il m’a fait confiance, et m’a fait comprendre que si je lui montrais que je pouvais gagner des minutes, il me laisserait sur le terrain.

Ensuite, je remercie Pierre Vincent qui m’a donné l’opportunité d’intégrer le groupe France. Je savais très bien que j’y allais pas pour jouer de longue minute, mais pour observer. Je m’en souviendrai toute ma vie parce que c’était magnifique de pouvoir, à seulement 19 ans, vivre un tel événement sportif.

Valériane Vukosavljevic sous les couleurs de Basket Landes en 2013 – Crédit : France Bleu

Quels sont vos souvenirs de cette première compétition internationale à propos de votre intégration à l’équipe ou encore de vos oppositions face aux meilleures joueuses mondiales ?

L’intégration s’est excellemment bien passée. Il y a eu quelques joueuses qui sont très vite venues vers moi, notamment Edwige Lawson, Emilie Gomis, et Isabelle Yacoubou. Elles m’ont beaucoup aidé et aujourd’hui encore, ce sont de très bonnes amies.

Concernant mes confrontations face à des joueuses de niveaux mondiales, c’était impressionnant de les affronter. Néanmoins, j’avais aussi hâte de les jouer en les regardants droit dans les yeux.

Aviez-vous une certaine pression lors de ces rencontres ?

Je ne suis pas une personne de nature stressé, notamment avant les matchs. J’ai donc vraiment pris le côté positif de la chose. Quand j’avais des minutes, je donnais le maximum de moi même pour apporter ce que je pouvais à l’équipe, en sachant que mon rôle était de faire souffler les joueuses cadres, et peut être d’apporter un peu de folie sur des courts instants.

Quelle était votre relation avec les 3 joueuses citées ? Comment vous ont t-elles aidé à progresser et devenir la joueuse que vous êtes aujourd’hui ?

Elles m’ont donné pleins de conseils sur et en dehors des terrains. Par exemple, quand on arrive en Équipe de France, on est exposé, notamment aux médias ou aux grands publics que ce soient par des compliments ou des critiques. Elles m’ont donc aidé à gérer ces situations.

Pour ce qui est du terrain, elles m’ont enseigné à être plus dure, plus rigoureuse et à anticiper ce qui allait se passer.


Edwige Lawson, Emilie Gomis et Isabelle Yacoubou avec l’Equipe de France – Crédit : FFBB

La saison 2013 – 2014 est une saison importante dans votre début de carrière : Basket Landes termine deuxième du classement LFB pour la première fois de son histoire et vous obtenez votre trophée de la meilleure espoir : qu’est ce que ce titre a représenté à ce moment là ?

Le titre était encourageant, mais ce qu’il m’a le plus marqué durant cette saison, ce sont les personnes avec qui j’ai joué et le résultat final. Pour ce jeune club de Basket Landes, cette saison a été historique. Nous avons vécu une année incroyable !

Lors de votre arrivée à Montpellier, le coach de l’époque, Valéry Demory confie que vous aviez le potentiel pour devenir en deux ans la meilleure ailière française : quelle a été votre réaction à la suite de cette annonce ? A t-elle eu un impact, positif ou négatif, sur le moment ?

Ces propos n’ont eu aucun impact parce que je connaissais « Valé ». Il le pensait peut être mais la façon dont il l’avait dit, c’était plutôt provocateur et je ne voulait pas rentrer dans ce jeu. Cependant, il m’a fait énormément confiance, et il m’a fait grandir. « Valé » est l’un des coachs pour qui j’ai vraiment aimé jouer.

Valéry Demory avec le BLMA – Crédit : Midi Libre

En 2015, vous rejoignez les San Antonio Stars en WNBA : Que retenez vous de cette expérience ? Quelle différence avez vous pu observer entre le jeu français et américain ?

En WNBA, tout est fait pour que l’athlète brille, c’est à dire qu’ils veulent que l’on se concentre que sur une seule chose : arriver en forme et en bonne santé sur le terrain pour perfomer. Tout était organisé, jusqu’au transport des valises, pour que l’on pense pas à autre chose que le basket. C’est peut être la plus grosse différence en terme d’expérience et de vécu.

Après sur le terrain, ça va plus vite, ça va plus haut et c’est plus fort. Lorsque l’on joue les américaines en Europe, elles ne jouent pas de la même manière, hormis durant le Final Four. Par exemple, j’ai affronté Diana Taurasi quand elle était à Ekinterinbourg. J’ai remarqué que ce n’était pas la même Taurasi contre qui j’avais pu jouer durant l’été lorsqu’elle était à Phoenix.


Valériane Vukosavljevic en WNBA avec les San Antonio Stars – Crédit : Sports

Quelle différence avez vous constaté dans son jeu ?

C’est sa vie quand elle est en WNBA, c’est sa franchise. Elle est à fond sur chaque match. On prend alors conscience que cette ligue est très importante pour elle.

Diana Taurasi – Crédit : ESPN

Lors de la saison 2015-2016, vous réalisez un doublet avec les titres de championne de coupe de France, et championne de France : Quelles sont vos émotions ? Qu’est ce que représente ce doublet ?

Une année de folie ! Nous ne participons pas à l’Euroligue cette saison. Nous nous donnant donc l’objectif de réaliser le doublet. Mes coéquipières avaient vraiment la volonté de gagner. La saison n’a pas été simple, il y a eu des hauts, des bas, mais au final, l’émotion est juste magique. Certaines personnes ont fait le reproche que l’on n’avait pas fait d’Euroleague. Certes, mais on avait fait notre doublet, et c’était l’objectif.

Après deux magnifiques saisons avec l’ESBVA puis Bourges, direction Prague en 2018 : Comment s’est déroulée l’adaptation dans une ville étrangère ?

Le vrai changement a été l’adaptation en tant que joueuse étrangère. Je n’avais pas les mêmes responsabilités, les mêmes attentes sur le terrain. Avec Prague, j’ai eu un rôle important, où l’on me donnait des responsabilités. Au début, ce fut un peu compliqué sachant que je revenais d’une compétition difficile avec l’Équipe de France durant les championnats du monde. Cependant cela s’est fait en douceur et plutôt bien.

Valériane Vukosavljevic sous les couleurs de Prague – Crédit : Bebasket

Un grand merci à Valériane Vukosavljevic d’avoir accepté de réaliser cette interview, par téléphone, pour Basket’Her ! Rendez vous la semaine prochaine pour la deuxième partie de cette entretien !

Crédit photo : Women Sports

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