Portrait – Isabelle Fijalkowski, une carrière rythmée de première fois

Pour le premier portrait du site, Basket’Her vous propose de découvrir une légende du basket français, Isabelle Fijalkowski.

Sa jeunesse

Cette histoire débute dans les années 70 à Clermont-Ferrand, ville accueillant les mythiques Demoiselles du CUC. Depuis le début de la décennie, le club Clermontois dominé sur le pays sans partage, remportant ainsi 13 fois le titre de championne de France. Leur incroyable talent s’étendait même jusqu’au sein des compétitions européennes avec cinq finales jouées en Coupe d’Europe. C’est dans ce contexte basketballistique fort que va naître le 23 mai 1972 la future internationale française, Isabelle Fijaklowski.

A l’âge de 8 ans, et du haut de ses 1m72, la légende française découvre pour la première fois le monde du ballon rond, orange et en cuir. Un sport qui semble lui être destiné lorsque l’on observe ses qualités physiques. Après quatre ans de pratique, elle rejoint le club de l’AS Montferrand avec qui elle remportera le championnat de France minimes. L’intérieure n’a de cesse de progresser, et de montrer de très belle chose pour son jeune âge. Ainsi, à seulement 16 ans, « Fija » obtient une place avec la nationale 1.

A partir de 1991, la joueuse décide de partir durant une saison à Challes-les-Eaux. Un passage de courte durée mais qui s’avère être un tournant dans la carrière de la joueuse. En seulement une saison, Isabelle Fijalkowski décroche son premier titre de championne de France (1992), et est élue par la même occasion meilleure espoir de la compétition. C’est officiel, les projecteurs sont à présents tournés vers l’intérieure aux nombreux talents. La saison suivante, elle décide de revenir dans son club natal, avant de signer deux ans plus tard dans le club qui la fera connaître internationalement, le CJM Bourges.

Le début d’une carrière légendaire

Avant d’intégrer le CJM Bourges, la clermontoise traverse l’Atlantique pour réaliser en 1994 une année universitaire dans le pays de l’Oncle Scott, plus précisément, dans le Colorado, à Boulder, en NCAA.

A la fin de sa saison universitaire, Isabelle Fijalkowski effectue son retour en France, et décide ainsi de signer pour deux ans avec le club mythique du CJM Bourges, championne de France et d’Europe la saison précédente.

Lors de sa première saison, le Tango écrase la concurrence en remportant un second titre de champion de France, et parvient même à atteindre pour la première fois de leur histoire le Final Four en Euroleague. Elles s’inclineront malheureusement en demi-finale face à Côme, un club qui fera son retour plus tard dans la carrière de la française. Cependant, « Fija » revient plus motivée que jamais et réalise une saison hallucinante, auteure de 17 points et 8 rebonds de moyenne. Des statistiques qui viennent corroborer cette année incroyable, conclue par un nouveau titre de championne de France.

L’année 1997 est surtout marquée par un événement inédit dans l’historique du club et du basket féminin français. Après un premier échec en 1995 lors du Final Four, les berruyères atteignent cette fois ci la finale de la plus grande compétition européenne pour faire face au championne en titre, le BTV Wuppertal. Grâce à une équipe en pleine possession de ses moyens, Bourges surpasse sans trop de difficulté leur adversaire avec à sa tête, une très grande performance de « Fija » qui inscrit 24 unités lors de la rencontre. Ainsi, lors de cette soirée d’avril, Isabelle Fijalkowski est sacrée championne d’EuroLeague pour la première fois de sa carrière, et obtient dans la foulée le trophée de MVP (meilleure joueuse) de la compétition.

Une pionnière en WNBA

En 1997, les États-Unis lance la création d’une ligue uniquement consacrée au basket féminin, réunissant les meilleurs talents du monde sur un été, la WNBA (Woman National Basketball Association). Sur un système similaire à son homologue masculin, une draft est réalisée pour permettre aux équipes de sélectionner de jeunes talents dans leur effectif. A la seconde place du premier tour, la récente MVP d’EuroLeague est choisie par les Cleveland Rockers, devenant ainsi la première joueuse française à fouler les parquets WNBA lors de cette saison inaugurale. Une place très haute qui n’est pas essentiellement dûe à son excellente carrière en France et en Europe, mais en raison de son année universitaire dans le Colorado. Comme dans toute les équipes où elle a évolué, Isabelle Fijalkowski émerge rapidement de la masse, attirant ainsi l’attention de sa coach universitaire, Ceal Barry, qui s’avère être aussi l’assistante coach de l’équipe nationale aux États-Unis. C’est ainsi grâce au soutien de sa coach que l’intérieure française sera sélectionnée en WNBA.

Crédit photo : Basket Europe

Cependant, rien n’était encore joué. Il fallait à présent pour Isabelle Fijalkowski montrer son talent afin d’obtenir la confiance du staff, et notamment du coach. Car oui, aux États-Unis, les joueuses étrangères doivent prouver leur valeur auprès du coaching staff américain, parfois septique de leur talent, privilégiant ainsi les joueuses nationales. Mais au vu du talent de la joueuse, la période de preuve fut courte pour « Fija ». Dès sa première saison, la clermontoise obtient une place centrale dans l’effectif de Cleveland, jouant les yeux dans les yeux face à des légendes du basket américain à l’image de Lisa Leslie ou encore Rebecca Lobo. Une domination confirmée par sa ligne statistique riche et complète : 12 points, 5,6 rebonds, 2,4 passes avec 51 % mi-distance et 78 % au lancers-francs sur 29 minutes.

L’été suivant, elle décide de renouveler l’aventure américaine. Une nouvelle fois, elle impose son jeu dans la raquette, amenant son équipe au titre de championne de la Conférence Est (20 victoires pour 10 défaites), tout en augmentant de manière significative ses statistiques : 14 points, 7 rebonds, 2 passes pour 55 % à 2pts et 82 % au lancers-lancers. Elle termine lors de cette saison 1998 avec le plus haut pourcentage de réussite à mi-distance de la ligue.

Après deux été passés aux États-Unis, Isabelle Fijalkowski mets fin à l’aventure WNBA en raison du rythme physique soutenu provoqué par l’enchaînement des différents compétitions, à la fois française (LFB), européenne (EuroLeague) ainsi qu’américaine (WNBA), en passant par les compétitions internationales avec l’Équipe de France. Un choix influencé par l’apparition de douleur au niveau des articulations lors de la fin de sa deuxième saison WNBA, mais aussi par sa volonté de conserver de l’énergie et une santé physique, notamment à l’approche des Jeux Olympiques et du championnat d’Europe avec l’Équipe de France.

Ainsi, au-delà du sublime jeu proposé, Isabelle Fijalkowski est surtout une pionnière pour le basket féminin français. Elle a, par son jeu, fait découvrir le basket français à la WNBA et au monde, prouvant ainsi le niveau proposé dans l’Hexagone. Mais surtout, elle a permis d’ouvrir les portes de la WNBA pour les futures joueuses françaises, à l’image de Céline Dumerc, Sandrine Gruda ou plus récemment Marine Johannès.

Un quadruplé historique

La même année de sa draft en WNBA, l’intérieure de Bourges décide de changer d’air, et signe en Italie, à Côme pour trois saisons. Durant cette période, elle décroche par deux fois le titre de championne d’Italie.

Le séjour chez nos voisins italiens terminé, elle effectue son retour en France, mais cette fois ci, avec un autre grand club français, rival de Bourges, Valenciennes. C’est avec cette dernière équipe qu’Isabelle Fijalkowski va encore plus rentrer dans l’histoire du basket, et même du sport français dans sa globalité.

Crédit photo:Le Télégramme

Avec l’USVO, « Fija » effectue une performance historique par la réalisation d’un quadruplé en à peine 42 jours. Ce marathon débute le 7 avril 2002 avec la victoire de la Coupe de France, puis se poursuit par la victoire du Tournoi de la Fédération, le 21 avril. Sept jours plus tard, l’USVO décroche le titre de championne d’EuroLeague avant de conclure ce périple par la consécration du titre de championne de France le 19 mai 2002, remporté face à Bourges sur un score de 62 à 72.

C’est par cet exploit digne d’un film de science fiction que se termine la carrière de la légendaire Isabelle Fijalkowski, à l’âge de 30 ans.

Son parcours avec l’Equipe de France

La carrière de la clermontoise ne serait cependant pas complète sans évoquer son impact en Equipe de France. Avec les Bleues, Isabelle Fijalkoswki c’est 204 sélections de 1989 à 2001 (14ème joueuse avec le plus grand bilan de sélection). A cela s’ajoute la détention d’un record encore d’actualité, celui du nombre de points inscrits avec l’équipe nationale (2 562 pts). Un record sur le point d’être dépassé par Sandrine Gruda, avec à son actif, 2 527 points.

Après un titre de vice-championne d’Europe en 1993 puis en 1999, le groupe tricolore retrouve cette compétition européenne en 2001 pour un dernier tour de salle au côté d’Isabelle Fijalkowski. Lors des phases de poules, les Bleues effectuent un sans faute, se qualifiant ainsi en quart de finale face à la Slovaquie, une première confrontation surmontée avec aisance (72-56). Direction les demies-finales qui seront elles aussi une partie de plaisir à l’instar du score (75-44) contre la Lituanie.

Crédit photo : TMB Basket

Pour la troisième fois sous l’ère d’Alain Jardel, la France est de nouveau finaliste de la compétition, et cette année, les Bleues s’opposent à la Russie. A la différence du reste de l’Euro, la Russie dispose d’armes pour rivaliser avec l’Équipe de France. Lors de la fin du premier acte, les deux équipes sont à égalité (18 partout). Aucune équipe ne veut concéder l’avantage et pourtant, l’équipe tricolore parvient à prendre sept longueurs d’avance avant de rentrer aux vestiaires. De retour sur le parquet, la Russie réduit l’écart à deux petits points à 10 minutes de la fin du terme. Néanmoins, grâce à un rideau de fer défensif, la France garde le match en main, et remporte pour la première fois de son histoire le championnat d’Europe (73-68). Isabelle Fijalkoswki termine meilleure marqueuse de la rencontre avec sa coéquipière Cathy Melain, toute les deux à 17 points, ainsi que meilleure rebondeuse (5 rebonds). Elle termine meilleure marqueuse et rebondeuse de l’Équipe de France sur cette Euro.

Au final, « Fija » rend sa révérence sur un nouveau premier titre, devant ainsi de manière incontestable l’un des emblèmes du basket féminin, confirmé par ses coéquipières et coachs en Equipe de France :

« Je pense que c’est tout simplement l’une des meilleures joueuses qui n’est jamais existé en France »

– Cathy Melain


« Elle a toue les caractéristiques d’une joueuse de haut niveau, c’est à dire qu’elle est grande, elle est athlétique et elle est adroite. C’est quand même trois qualités qui se font rare et qui font qu’elle a fait une carrière exceptionnelle »

– Pierre Vincent, ancien entraîneur de l’Équipe de France


Bilan chiffré de sa carrière

  • 13 saisons professionnelle
  • 14 titres remportés
  • 204 sélections en Équipe de France
  • 2535 points en Equipe de France
  • Le 11 juin 1994, face au Japon, elle inscrit son record de point avec l’Equipe de France (36 points) lors des championnat du monde à Sydney
  • 5ème au Jeux Olympique de Sydney en 2000

Son Palmarès :

  • Finaliste du Championnat d’Europe des Nations en 1999 et 1993
  • Vainqueur de l’Euroleague en 1997 et en 2002
  • Au total, six participations au Final Four (1996; 97; 98; 99; 2001; 2002)
  • 5 fois Championne de France (1992; 96; 97; 2001; 2002)
  • Championne d’Italie en 1998 et 1999
  • Finaliste de conférence WNBA en 1998
  • Vainqueur du Tournoi de la Fédération en 1996 et 2002
  • Vainqueur de la Coupe de France en 2002
  • MVP du Championnat d’Italie en 1999
  • Meilleure joueuse de WNBA au taux de réussite en 1998
  • MVP du Championnat de France en 1996-1997
  • MVP Espoir du Championnat de France en 1992
  • MVP d’EuroLeague en 1997
  • Honoré par le club de Bourges, le 7 avril 2018, en tant que « Légende Tango » (Hall of Fame)
  • Élevé eu rang du « Gloire du Sport » Français

Crédit photo : France Bleu

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